Dernières vacances d’été sur Târâ


C'est aux dernières vacances d’été que tout à commencé! Nous savions qu'il nous faudrait un jour nous séparer de notre Târâ.

Târâ c’est notre Etap 28i, voilier d'à peine neuf mètres, insubmersible s'il vous plait, la perle des petits bateaux! Merci ma Târâ pour ces merveilleuses croisières. J'ai toujours eu une confiance sans faille malgré les peurs que j'ai pu appréhender lors des colères de notre mer méditerranée.
Bichonnée comme il se doit avant tout départ en croisière, cette année fait exceptionnel depuis bien longtemps, la famille était au grand complet. Guillaume notre ainé toujours prêt à lever le pieds lorsqu'il s'agit de voyage. Mathias le cadet biologiste en flore tropicale n'hésite jamais non plus à prendre le large afin de déterminer quelques plantes endémiques de méditerranée. Engie la petite dernière un vrai petit mousse qui ne ménage pas peine pour plaire au capitaine afin de s'entendre dire qu'elle est une chienne exceptionnelle. Dan notre capitaine au long court épris de voyages et d'aventures sans qui la vie n'aurait pas eue autant de sel. Moi qui veille sur tout ce petit monde pour que tout à chacun puisse goûter à sa part de rêve.

J'étais bien évidemment Heureuse de rassembler mes petits bonheurs, c'était une véritable aubaine, néanmoins il y avait comme une ambiance de solennité qui flottait dans l'air, genre ultime et dernière traversée avec Tara. Il faut dire aussi que la mer était particulièrement agitée cette année, avec de mauvaise condition météo, occasionnant de fâcheux  désagréments par manque de confort. Nous avions beaucoup, trop d'exigences envers notre petit voilier, conçu pour faire du cabotage et non pas de l'engager dans des traversées en préférant les mouillages aux ports plus approprié pour ce type de d'unité. C'est possible bien sûr puisque nous l'avons fait pendant dix ans, en étant toujours border line et bien épuisé aux retours de croisière!
Alors évidemment dans ses conditions, l'âge aidant, il devenait urgent de pendre une sage décision si douloureuse soit-elle mais il n'était plus possible de voyager à bord de ce petit voilier d'autant qu'il n'était pas adapté pour la navigation hauturière il nous fallait impérativement changer de bateau!
Pas facile de prendre une telle décision lorsque l'on passe tant de moments idylliques en rencontre, découvertes, aventures même et que notre Tara nous a toujours confortée au fil des années dans notre projet de larguer les amarres pour vivre notre vraie vie.
Pas facile non plus de choisir le bateau qui corresponde à notre imaginaire mais quand on a la chance de le dégoter caché quelque par dans le méandre de la toile, cerise sur le gâteau il est beau nous plait énormément et ne dépasse pas notre budget ça ressemble beaucoup au bonheur absolu non? Je ne dirai pas que Struer se trouve la porte d'à côté, mais vu sous cet aspect là croyez-moi les kilomètres se rediront en peau de chagrin!
C'est tout de même grandiose d'être suspendu dans les airs! Quelle prouesse technologique, c’est le moment de la pose café et j'en profite pour lever le bout de mon nez et découvrir ce que j'appelle l'antre de l'univers. Somptueux vraiment extraordinaire! Qu'elle est belle notre petite planète bleue, dommage que nous soyons si insouciants, rien que de penser par arrogance qu'elle n'a été crée que pour satisfaire nos redoutables caprices, nous la négligeons sans vergogne et pourtant elle nous dispense de suffisamment d'amour pour nous pardonner et nous apporter les besoins juste nécessaire à lavie. Assez de philosophie, de toute façon je ni pourrais rien changer, le bon sens à déserté les caboches de nos politiciens, financiers et autres grands de ce monde alors inch Allah!
Hors de question de taquiner les marécages de la mélancolie, la veille d'un si beau jour qui plus est le soleil est toujours au beau fixe ici au dessus des nuages ce qui apporte un regain de chaleur et de bonne humeur avec des projets plein la tête.
Donc ce n'était pas un scoop, nous le savions pertinemment qu'il nous faudrait vendre notre Tara un jour, avec plein de chagrin au cœur, c'était inévitable, sentiment bien connu de touts marins attachés à son bateau, un vrai crève-cœur parce-que entre le dire et entreprendre les démarches pour le faire, c'est une toute autre histoire, comme de devoir mettre  un beau petit panneau " A VENDRE " Remettre les clefs au broker pour les éventuelles visites, Brrr, rien que d'y penser j'en ai froid tout partout.
Notre Tara c'était notre petit nid douillet, notre havre de paix, le radeau de la Méduse Bref en un mot le refuge où il faisait bon s'abriter dans les temps de grisous où la vie ne vous épargne pas et revêt son manteau de froidure et de pluie. Elle était toujours prête à larguer les amarres pour le voyage et satisfaire nos moindres désirs d'aventures. Lorsqu'elle filait bon plein sur une mer devenue argenté par le soleil couchant, devant tant de beauté invariablement le poème de Vigny me montait aux lèvres: Que tu es belle ma Tara lorsque tu vogues dans le vent, tu as au soleil couchant toutes les couleurs de l'agate tes voiles luisent le matin comme des ballons de satins, dix fois plus vive qu'un pirate en quarante huit heures sans mollir de Palavas au cap Corse tu nous emporte si souvent. 
Que tu es belle ma   Tara lorsque tu vogue dans le vent. A cet instant où je t'écris ce poème ma Tara, ça sera pour la dernière fois tu ne  m'entendras plus chantonner les larmes dans les yeux par tant de beauté et de bonheur, nous nous sommes jetés à l'eau et t'avons trouvés des nouveaux proprios, nous te laissons entre de bonnes mains, nous espérons qu'il t'apporte autant de soin et d'amour en te laissant voguer aussi loin dans le vent. 
Adieu et bon vent